De Plassac à Blaye en Gironde.

Aujourd’hui le temps est propice pour une petite promenade donc en route, direction Blaye avec une halte à Plassac et sa villa gallo-romaine.

En cheminant vers Plassac, je m’ arrête à la chapelle romane de Magrignes, sur la commune de Saint-Laurent d’Arce. Ce sont les templiers qui l’aurait édifiée au XII ème siècle. A l’arrestation de ces derniers la chapelle est confiée aux hospitaliers. Elle deviendra au même moment une étape sur le chemin de Compostelle et le restera jusqu’au XVIII ème siècle. En 1792, elle sera fermée au culte et transformée en entrepôt de grains et de barriques. A partir de 1895 chaque lundi de pentecôte les fidèles venaient célébrer Sainte Quitterie.

La chapelle me donne une drôle de sensation, cette impression que le temps s’est suspendu. La proximité de l’ancien port, les champs, les tombes autant d’éléments qui font vagabonder mon imaginaire en ces temps où moines-soldats et pèlerins se côtoyaient quotidiennement sur ce site.

En poursuivant mon chemin, j’arrive sur le plateau de Montuzet. Je trouve la croix de Faux-Coeur qui aurait été érigée par Charlemagne. Ce sont ces soldats qui l’auraient sculptée avec leurs épées après leur victoire sur les Sarrasins. Il s’agit d’une croix monolithe de calcaire blanc.

Charlemagne aurait lancé son épée depuis celle-ci, elle retomba 200 mètres plus loin. A son lieu de chute il fit ériger une chapelle qui fut dédiée à la Vierge. De nombreux marins y viennent en pèlerinage, au XIII ème siècle une confrérie des gens de mer est créée. Son extension sera tellement importante qu’elle sera transférée à Bordeaux à l’église Saint-Michel. La chapelle et le couvent de Montuzet prendront un rôle majeur au passage de Louis XI qui par édit royal ordonnera un pèlerinage annuel à Plassac. A partir de 1792, la chapelle et le couvent disparaissent peu à peu. Actuellement il ne reste presque plus aucune trace du sanctuaire à part une pierre dissimulée dans un vieux mur portant l’inscription « SANTA MARIA SUCCURE MISERIS 1656 » et du mobilier (statue et relique). Il faut se rendre à l’église de Plassac pour voir la statue de Notre Dame de Montuzet et les reliques de Sainte Fructuose, cachées pendant la Révolution par le maire. Sur le site un monument surmonté de la vierge fait perdurer la mémoire de cet ancien sanctuaire.

Du monument on a une vue splendide sur la ville de Plassac et l’Estuaire. Il faut profiter de ce lieu enchanteur.

Vue depuis Montuzet

Arrivé à Plassac, je me promène dans la ville, je découvre le port, ses maisons anciennes, son église et sa villa gallo-romaine et son autel de la Patrie.

Plassac est un village qui a gardé tout son charme d’antan où flotte encore l’histoire de ses capitaines à long cours dans l’attente du départ échangeant avec les vignerons du cru. Son port connut une grande activité du XVIII ème au XIX ème siècles, d’ailleurs les maisons en pierre de taille bordant le port le démontrent. L’estuaire moyen de communication et panorama somptueux ont toujours attiré les pôles économiques et avec eux commerçants et négociants. Dés le premier siècle on trouve une magnifique villa maritime gallo romaine.

C’est un palais de style campanien qui a été construit par Blaccius riche propriétaire italien. Ce domaine était égal à la superficie actuelle de la commune. Les fouilles ont permis de voir l’évolution du palais et de mettre en évidence trois aménagements majeurs (I, II et V èmes siècle). Le dernier propriétaire sera Saint Bertrand évêque du Mans.

Avant de visiter la villa, il est intéressant de se rendre au musée associatif qui retrace l’histoire de la villa et met en exergue les faste d’antan de ces trois palais. Il est agréable et riche en enseignement sur les décors .

Au sud de la commune nous nous trouvons à l’une des frontières entre le pays d’Oil et d’Oc. Je me dirige vers ma destination finale qui se trouve à 3 km environ: Blaye et sa citadelle.

Blaye est situé sur un promontoire rocheux qui lui a toujours conféré un rôle défensif majeur, les romains encore eux construisirent un castrum pour controler la région. Le nom même de la ville le traduit, Blaye vient de Belli via soit la route de la guerre le ton est donné. De nos jour encore à l’énoncé de son nom on pense de suite à Vauban et la citadelle, ce n’est pourtant qu’au XVII ème siècle que fut construit le tryptique défensif de Bordeaux: Blaye – Fort Paté – Fort Médoc, réputé pour être imprenable.

Pourtant avant la construction de la citadelle, Blaye connut la violence des combats comme en 848 quand elle fut pillée par Hasting, chef Viking qui remonta la Garonne ou pendant les conflits de la Guerre de 100 ans. Mais la ville est aussi connu pour deux de ses seigneurs:

Roland, neveux de Charlemagne mort à Roncevaux et enterré certainement sur ses terres à la basilique Saint Romain, ancienne nécropole des rois d’Aquitaine, aujourd’hui disparue .

Jaufré Rudel le troubadour qui fit construire un château dont les ruines sont encore visibles.

Pourtant , en me promenant dans ce lieu ennivrant, ressourçant je ne peux m’empêcher d’imaginer que ce fut également un lieu de détention d’une dureté incroyable.

Blaye fut un lieu d’emprisonnement notamment pour les prêtres réfractaires en attente de transfert pour le bagne de Guyane. Les conditions étaient désastreuses: manque de nourritures, violences ont très vite décimées les prisonniers. Au musée, bâtiment de la Manutention, des chapelles ardentes sont encore visibles rappelant ce bien triste épisode de la révolution.

La duchesse du Berry fut également incarcérée à la citadelle pour avoir tenté de renverser Louis-Philippe et mettre son fils Henry V. Après son arrestation à Nantes, elle est transférée à la citadelle où elle sera surveillée par le maréchal Burgeaud. La duchesse restera en permanence sous le regard de ses geôliers. Les portes restaient ouvertes toute la journée, les fenêtres obstruées et les cheminées étaient scellées par des barreaux. Pour finir 3 bateaux patrouillaient sur la Gironde. L’issue de la captivité viendra de la grossesse de la duchesse. C’est enfant en devenir hors mariage lui feront perdre beaucoup de ses soutiens. Le 10 mai 1833 elle accouche de sa fille Anne-Marie Rosalie et annonce le nom de son mari et père de sa fille Hector Lucchesi-Palli. Ce mariage en blanc permettra de sauver les apparences dans une société bien dure à vivre pour les femmes. Le 8 juin elle part par bateau en Sicile rejoindre son époux.

Par Thomas Lawrence — http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=160 (http://www.histoire-image.org/photo/zoom/vers55_lawrence_001f.jpg), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1491017
La duchesse du Berry

Il faut également penser aux insurgés de 1851 qui avaient tenté un coup d’état contre Louis Napoléon Bonaparte qui furent incarcérés à l’hôpital.

Une histoire qui contraste avec la beauté du lieu. Il faut faire le tour de la citadelle par ses remparts, déambuler le long des figuiers, des vignes sauvages, ses lauriers nobles et laisser opérer le charme de ses paysages pour se sentir relaxé, revigoré par autant de quiétude. La guerrière est devenue enchanteresse.

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