Oradour-sur-Glane

En me rendant à Cieux depuis Limoges pour aller faire une randonnée dans les Monts de Blond, j’ai fait une halte à Oradour-sur-Glane.

Quand j’ai aperçu les premières ruines depuis la route, l’histoire d’Oradour est venue se rappeler à ma mémoire. Une sensation, presque une obligation de m’arrêter, tenter de comprendre, se souvenir… Passer le hall du mémorial, en accédant au village j’ai senti de nombreuses émotions m’envahir mais surtout cette sensation étrange de ressentir toute la pesanteur et la violence du massacre. En quelques minutes de nombreuses questions sur la Seconde guerre mondiale et l’atrocité de l’idéologie nazi me tournent dans la tête. La première image de ma visite restera gravée « Souviens-toi ».

Entrée du village

Oradour-sur-Glane village paisible au nord-ouest de limoges.

La vingtaine de kilomètres qui sépare le village de la grande ville, son marché , en fond un lieux d’approvisionnement en temps de guerre. Les limougeauds s’y rendent en tramway .

A partir de la fin du mois de mai 1944, les actions de la résistance s’intensifient dans le sud de la France et notamment dans la région de Limoges . Toutefois Oradour-sur-Glane n’est pas réputé pour être un centre de la résistance, bien au contraire. Les habitants ont peu vu les soldats sauf ce jour fatidique.

Pourtant le village fut massacré le 9 juin 1944, il n’y a pas d’autre qualificatif. Encore aujourd’hui quand on pénètre dans le village on ressent l’horreur, le poids de l’atrocité. De suite en rentrant dans les murs la première inscription qui relate un lieu d’ exécution et de charnier. L’émotion m’envahit.

J’ose à peine prendre des photos et spontanément je coupe mon téléphone, comme si je ne voulais pas être dérangé ou déranger ce moment de recueillement. Je croise des personnes les yeux embués de larmes, ce pan de notre histoire européenne n’est pas si lointaine.

Je poursuis mon parcours dans le village en ruine, calciné, en longeant les rails du tramway, lisant les pancartes nommant les fonctions des bâtiments et les noms des propriétaires. Les lieux prennent vie.

Je ne peux m’empêcher d’imaginer la vie dans ces ruines, les enfants qui jouent dans les écoles, les gens au bar jouant aux cartes, le boulanger qui enfourne son pain… puis l’impensable les soldats.

Je connais mal les détails mais les maisons effondrées, les carcasses calcinées de voitures, les lits et vélos tordus par la chaleur et ce qui me semble (et qui malheureusement l’est) être une poussette difforme dans l’église me laisse penser à une opération préparée, planifiée, d’un massacre organisé.

Les lieux d’exécutions et de rassemblements se déroulent au fur et à mesure de la visite jusqu’au cimetière où en ce qui me concerne la réalité s’est imposée à moi.

Comment peut on délibérément rayer de la carte un village entier, 643 personnes. Cette question me hante. Plus j’avance, plus je découvre encore et toujours les vélos et les lits tordus par la chaleur, les cheminées et leur casseroles autant de preuves que cette atrocité n’avait pour leur auteur qu’une seule ambition semer la terreur, l’effroi dans la population avant de rejoindre la Normandie.

Le front de l’est s’est retranscrit au front de l’ouest .

La division « Das Reich » laissera encore une fois une zone de massacre et de pillage derrière elle comme à Tulle, Combeauvert, Argenton-sur-Creuse.

Le village fut encerclé, la population rassemblée méticuleusement sur le champ de foire ainsi que les habitants des hameaux de la commune, les personnes ne pouvant pas se déplacer assassinées. Le commandant SS vers 14h45 dit chercher une cache d’arme et menace d’incendier le village. Il demandera 30 otages ce que le maire lui refusera à 15h les hommes sont séparés des femmes et des enfants. Ils seront amener dans des granges tandis que les femmes et enfants seront enfermés dans l’église. Les hommes doivent vider les lieux où ils sont maintenus pendant qu’un SS balayait le sol pour installer une mitrailleuse. A 16h, le massacre commence. Les mitrailleuses se mettent en route et les explosifs de l’église explosent.

Oradour-sur-Glane n’était plus.

Il aura fallu un peu plus d’une heure à la table d’un café pour qu’un village tranquille soit anéanti pour tenter de monter la population contre les maquis avec pour seule méthode la terreur.

N’oublions jamais l’atrocité de la guerre et sa folie qui a poussé à temps de haine. Oradour-sur-Glane en est le témoin, le lieu de mémoire: faisons le vivre à travers nos visites.

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