Une journée dans la capitale des « arts du feu »: Limoges .

Il y a quelques années maintenant, un lundi matin pour être précis, j’ai pris le train en direction de Limoges comme de nombreux jeunes lot-et-garonnais en âge de faire leur service militaire. C’était les fameux trois jours obligatoires avant d’être incorporé. Ce fut ma première rencontre avec Limoges. De la ville je n’avais vu que la gare et la caserne. J’ai le souvenir d’ avoir été surpris par l’architecture, la beauté de la gare. Pourtant je n’y étais jamais retourné.

Il m’aura fallu presque 25 ans pour que je me décide à retourner découvrir la capitale des « arts du feu ».

Le nom de Limoges était, je le reconnais, dans mon imaginaire, intimement lié à la porcelaine et pourtant .

En effet, la trouvaille d’un gisement de kaolin prés de Saint-Yriex-la-Perche va permettre le développement de la porcelaine, créant la renommée et l’une des nombreuses richesses de la ville. La porcelaine est un art de vivre tellement ancré qu’elle s’intégre pleinement dans la ville; il n’est pas rare de trouver des éléments de décoration en porcelaine s’afficher sur certaines maisons où au détour d’un monument. La ville et la porcelaine ne font qu’un tellement elles se mélangent l’une et l’autre.

Bien avant de découvrir cette argile blanche, Limoges était déjà reconnue pour son artisanat, notamment pour ses émaux, ses vitraux et ses textiles de limogiatures.

Le travail de l’émail est reconnu depuis le XI-XII éme siècles, ses objets étaient destinés à un usage religieux. Ils constituaient L’Oeuvre de Limoges, alors mondialement reconnue grâce à l’influence de l’Abbaye Saint Martial.

Au Moyen-Age cette même abbaye mettra en avant la ville grâce à ses chants grégoriens, ses troubadours, ses oeuvres d’arts…

Limoges s’est dévéloppée autour de deux coeurs historiques: les quartiers du Château et de la Cité, puis s’est étendue sur 7 collines.

Le quartier du Château s’est édifié autour du château vicomtal, c’est le quartier historique. Le quartier de la Cité s’est formé autour de la cathédrale. Ma promenade passera de l’un à l’autre en suivant les maisons à pans de bois. Il ne faut pas croire que Limoges se soit arrêtée à l’heure du Moyen-Age, bien au contraire .

Tous les styles architecturaux se rencontrent aux détours d’une rue, d’un bâtiment, d’une porte que cela soit un escalier renaissance ou un bâtiment art déco par exemple. Cette ville est riche de ses bâtiments. Ma visite et courte et je ne pourrai pas profiter de toutes ses richesses architecturales mais en peu de temps c’est un véritable condensé qui va s’offrir à moi.

Je commence mon parcours par un de ses incontournables la cathédrale St Etienne, au coeur et à l’origine du quartier de la Cité. La cathédrale a été érigée sur un lieu de culte déjà existant de longue date, certainement avant la christianisation de Limoges. Sa construction a débuté en 1273 et s’est achevée au XIX ème siècle.

Même si de ci de là quelques traces de l’ancien édifice roman apparaissent, elle est plutôt de style gothique. Elle nous offre tout au long de la visite un véritable déroulé d’oeuvre d’art: le portail St Jean d’un style gothique flamboyant, son jubé de style renaissance, ses vitraux, une magnifique vierge en majesté en émail et orfévrerie…

Autour de la cathédrale, je profite du musée des beaux-arts qui est l’ancien palais épiscopal et du jardin de l’évéché dominant la Vienne. Celui-ci regroupe un jardin botanique et des exemples de parterres à la française. C’est un lieu agréable alliant calme et point de vue.

Puis j’emprunte la rue Haute Cité qui est piétonne et forme comme une placette en triangle bordée de vieilles batisses à pans de bois .

Un peu plus loin, le pavillon du Verdurier est un beau batiment richement décoré par des mosaïques qui a eu plusieurs vocations. Initialement c’était un pavillon frigorifique pour stocker la viande d’importation à la fin de la Première Guerre Mondiale. Il se transformera en marché couvert puis en gare routière à partir de 1942 avant de se transformer en lieu d’exposition fin des années 70.

Je poursuis mon parcours dans la ville où se dissimulent de vrais petits trésors. La cour du temple, en est le parfait exemple. Elle est belle de la sobriété qui émane de ses escaliers et ses colonnes en granite rappellant la Renaissance. Quand on regarde le sol on est surpris par un coin où le pavage interroge. Il a été conçu en tessons de gazettes. Les gazettes sont des boites en terre qui servaient lors de la cuisson de la porcelaine. J’ose y voir un clin d’oeil.

Je rencontre une place avec sa fontaine et son église: l’église Saint Michel des lions. Elle doit son nom aux deux lions antiques qui gardent son entrée. Son clocher est typique du limousin et est coiffé d’une boule en cuivre. Voilà quelque chose d’original, c’est la conséquence de la foudre qui s’est abattue sur le clocher en 1810. Les travaux ont été confié à un militaire qui fera poser la sphére pour faciliter les triangulations et les mesures géodésiques.

L’église posséde les reliques de St Martial, St Loup et Sainte Valérie.

J’ai poursuivi jusqu’aux Halles qui se situent place de la Motte. Nous sommes au niveau de l’ancienne motte castrale du château vicontal détruite à la révolution dont est issu le quartier du Château.

La halle est composée de brique, de porcelaine, de verre et de zinc. Elle rappelle fortement le style Eiffel mais ce n’est pas lui qui l’a réalisée. Il aurait d’ailleurs refusé plusieurs fois d’accepter ce chantier. Une magnifique frise en porcelaine vient l’agrémenter. Elle se compose de 368 panneaux montrant les différents mets que nous pouvons trouver au marcher pour s’en délecter.

Face à la Halle on trouve un trompe l’oeil de Cobaty qui vient retranscrire l’histoire du quartier.

En arrivant dans la quartier de la boucherie, je découvre la chapelle de la confrérie Saint Aurélien.

J’aperçois un clocher fait de bardeaux de châtaignier, puis au fur et à mesure je découvre une chapelle contrastant entre les immeubles en fond et les maisons à pans de bois. Elle a été érigée en 1471 par la confrérie des bouchers pour accueillir les reliques de leur patron Saint Aurélien. En pénétrant je suis surpris par son mobilier, son choeur baroque et surtout par un groupe de sculptures représentant Sainte Anne, la vierge Marie, l’enfant Jésus mangeant un rognon.

Puis j’ai pris le temps d’arpenter les rues de la boucherie où étaient rassemblés les bouchers. Les maisons s’organisaient sur trois niveaux. Le rez-de-chaussé servait de lieu d’abattage et de découpage, le premier de lieu de vie et les niveaux supérieurs de lieu de stockage et de séchage. Le quartier est petit mais regorge de statues aux angles de rues, de vieilles décorations, de crochets vestiges d’autrefois, où les viandes étaient exposées. On peut visiter au 36 de la rue de la Boucherie un écomusée retraçant la vie d’une famille de boucher du 19ème siècle.

Puis pour terminer, je suis retourné au prés de mon souvenir d’enfance; à la Gare de Limoges-Bénédictins. Ce bâtiment inauguré en 1929 est devenu un véritable symbole de la ville. Son architectecture régionaliste mélangeant art nouveau, art déco et néo-classicisme attire la curiosité et l’intérêt du passant. La gare est dotée d’un campanil qui domine la ville du haut de ses 67 mètres. Il supporte les 4 cadrans de son horloge qui tentent d’assurer la ponctualité des voyageurs en affichant 2 minutes d’avance. Il faut observer le hall richement décoré par ses scultures allégoriques et ses vitraux. Les allégories représentent les quatre provinces désservies par la gare et les vitraux portent les feuilles de châtaigniers emblématiques du Limousin.

J’ai pu admirer à travers cette jolie promenade la richesse historique et architecturale de limoges. Chaque pas fut une découverte me donnant de plus en plus l’envie de revenir prochainement visiter la ville rouge. Les conditions sanitaires, le manque de temps m’ont privé de bien des merveilles mais cette balade m’aura donné une énorme envie de revenir marcher sur les pas des ouvrières et ouvriers de la porcelaine.

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