Sur les traces des mégalithes de Gironde.

La Gironde n’est pas particulièrement réputée pour ses mégalithes. Pourtant elle en possède plusieurs certes ce ne sont pas les plus impressionnants de France mais ils possèdent un véritable intérêt.

Leur répartition est fortement liée à la composition des sols, à la géologie du lieu. Nous pouvons constater qu’ils sont implantés suivant les affleurements de calcaires soit à astéries, soit stampien mais dans certains lieux le calcaire peut être remplacé par le poudingue ou le grès quartzeux.

Le menhir de Peyrefitte:

J’ai commencé ma promenade à proximité de Saint Emilion, à Saint-Sulpice-de-Faleyrens. On trouve sur cette commune le menhir de Peyrefitte qui est classé monument historique. Il a été certainement construit au Néolithique Récent entre 2600 et 2300 av JC. Il est en calcaire à astéries, les affleurements les plus proches se situent à 2,5 km environ à proximité de Saint Emilion. La pierre fait 5,20 mètres de hauteur et un poids de 50 tonnes ses dimensions en font le plus gros mégalithe du sud-ouest de la France. Il est en forme de spatule. Comment ont ils réussi à transporter un tel bloc avec les moyens de l’époque?

Croquis trouver sur le site internet de:Association Juridiction de Saint-Emilion, Patrimoine Mondial de l’Humanité

Jusqu’à la Révolution Française ce menhir fut un lieu de culte d’ailleurs il paraitrait que c’est la vierge qui l’aurait abandonné sur place, d’autres disent qu’un veau d’or y serait enterré. Quoi qu’il en soit il est connu depuis fort longtemps et a servi de repère au port de la juridiction de Saint Emilion. Il a également été un péage à sel sur la Dordogne puis endossé le rôle de délimitation entre Libourne et la juridiction de Saint-Emilion. Il faut noter qu’aujourd’hui le menhir est éloigné de l’eau car la Dordogne s’est décalée de 150 mètres le laissant au milieu des vignes.

Les gens souffrant de rhumatismes s’y rendaient dans l’espoir d’être soignés.

J’ai continué mon chemin vers l’Entre-deux-Mers en passant par Branne. Cette ville se trouve en bord de Dordogne. Cette situation géographique lui a certainement permis de se développer depuis le néolithique, la rivière permettant la mise en place du commerce fluvial faisant d’elle une place de marché.

Bellefond :

J’ai poursuivi jusqu’à ma deuxième destination Bellefond bourg, petit village de l’arrondissement de Langon. Ce village se trouve sur le lieu dit le Bourg, la commune se répartit sur de nombreux lieu-dit: la Pontrique, la Goilane, Germont-de-Haut, Germont-de-Bas, Peyvideau, Curton, Sabatey. L’étymologie de Bellefond vient du gascon Bèla Font qui signifie Belle Fontaine. La commune s’est créée autour de la fontaine de la Goilane.

  • L‘église de St Eutrope:
Parking

Arrivé au bourg, je suis allé me garer au niveau de l’Eglise Saint-Eutrope. Elle fut construite par les chanoines réguliers de l’ordre de St Augustin. Pour raison financière, et oui, déjà la nef ne fut jamais terminée puis le prieuré fut donné à l’Abbaye de la Sauve Majeure. Malgré ce changement de propriétaire les fonds manquèrent et l’église avança difficilement dans sa construction. Elle fut profondément dégradée par les guerres de religions.

Il faut regarder les modillons à l’extérieur qui semblent faire une longue part aux échecs du vœu de chasteté .

Entrée de l’église
Fonts baptismaux
ST Eutrope
La nef
ST Eutrope
Vierge
  • L’ancien prieuré, la source et le lavoir:

Sorti de l’édifice j’ai fait quelques pas dans le bourg pour admirer les habitations. Elles sont en pierres comme suspendues dans le temps. Puis j’ai contourné l’ancien prieuré pour descendre au lavoir et observer le point de vue.

Lavoir
Source

Légèrement au dessus du lavoir se trouve une vieille source qui nous rappelle l’importance de l’eau que cela soit dans un but de consommation ou pour effectuer les nombreuses tâches du quotidien. Ce paysage de calcaire et d’eau nous montre un bel aperçu du système karstique de l’Entre-deux-Mers de Gironde.

Vue sur les ruines
ancienne porte

Je suis remonté au parking en longeant les anciennes ruines pour partir aux allées couvertes de Sabatey.

Chemin faisant sur le bord de la route, longeant la vigne à proximité du lieu dit Le Maine du Prieuré se trouve une pierre dressée. Il s’agit certainement d’un vestige de mégalithe.

Pierre dressée
Vue de l’autre face
  • Les allées couvertes de Sabatey:

Je me remets en route vers le Sabatey où se trouvent les allées couvertes. Il s’agit d’une petite nécropole du néolithique qui se compose de deux dolmens. Son nom vient de sabbat car les gens pensaient que la sorcellerie était pratiquée autours des dolmens. Attention le site est privé avec libre accès.

  • Dolmen 1

Le dolmen 1est abimé, il a servie de carrière. L’ensemble devait mesurer environs 7 m. Les orthotastes et les tables de couvertures sont encore visibles.

Table de couvertures et orthotastes
pierraille
Vue d’ensemble
Dolmen 1 et reste tumulus
  • Dolmen 2

Le dolmen 2 mesure 9m de long et sa largeur est de 1,80 m au chevet pour environ 0,80 m en son centre. Il est orienté d’ouest en est. Il s’agit d’allées d’Aquitaine car la hauteur des orthostates décroit du chevet à l’ouverture.

Les tables de couverture sont encore présentes et on peut encore découvrir le dallage de l’allée. Autour nous trouvons encore la pierraille en calcaire qui constituait le tumulus.

table de couverture sur orthotastes et dallage au sol
vue sur l’allée
Vue d’ensemble
De face

La commanderie de Sallebruneau:

Je ne pouvais finir cette promenade sans passer par la commanderie de Sallebruneau. Elle est fortement abimée mais empreinte de charme. Elle est restaurée par l’Association Recherches Archéologiques Girondines https://www.assrag.org/.

Pas loin du site, environs 1 km, se trouve une motte féodale montrant l’intérêt stratégique de ce lieu.

  • Histoire de la commanderie

Initialement la commanderie était composée d’une seule église fondée par les templiers vers 1214. En 1280, Jean de Grailly la léguera à sa mort à l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. La commanderie s’agrandira en 1297 avant de connaitre des temps incertains avec une augmentation de la pauvreté, les nombreuses bandes de routiers qui dévastent le pays. Ces temps de violences sont certainement dû au départ en pèlerinage des seigneurs.

église

Pour répondre à cette insécurité permanente un château va être construit. Il sera accolé à l’église et un large fossé sera construit autour.

Le 13 octobre 1307 tous les templiers de France sont arrêtés. La commanderie sera donnée aux Hospitaliers. Cette passation ne se fera pas sans mal entrainant de nombreux conflits avec les voisins de la commanderie puis la guerre de cent ans, les guerres de religions avant qu’elle ne soit confisquée et vendue à la révolution.

château

Le lieu est empreint de poésie, il faut se promener dans les alentours pour imaginer la vie de cette commanderie découvrir le jardin de simples, le cimetière, son puits et son lavoir.

cimetière et vue sur les vignes

Je reprends la direction de Bordeaux, une halte s’est imposée à moi avant de clôturer cette balade: l’église de Saint Quentin de Baron.

L’église de Saint Quentin de Baron:

L’église fut construite au XIIe siècle puis fortifiée au XIV, elle continuera à évoluer jusqu’à nos jours. Elle est un mélange de roman et de gothique flamboyant. Son iconographie extérieure et intérieure sont splendides.

  • En se promenant à l’extérieur de l’église:

Quand on fait le tour de l’église nous découvrons des cadrans solaires modernes ou anciens, des bas reliefs, des chapiteaux et des modillons.

Sous la fenêtre axiale du chevet se trouve un magnifique diptyque représentant l’adoration des mages. Les tailleurs de pierres ont réussi sur un espace restreint l’histoire, le dogme et le mystère. Sur une corbeille un âne et un bœuf sont représentés et reliés au diptyque par un décor végétal.

Les chapiteaux du chevet sont beaucoup ornés de décors inspirés du monde végétal. Ce caractère est un point commun avec l’abbaye de la Sauve-Majeure. Cependant trois chapiteaux sont figurés représentant la culpabilité et la sexualité. Il s’agit de 2 sirènes, de têtes qui crachent des lianes et de trois hommes et un animal.

Les modillons sont de belles factures dont un cavalier peu commun en Gironde.

  • En visitant l’intérieur de l’église:

A l’intérieur de l’église de belles sculptures, des peintures murales, des vitraux.

Les peintures murales sont du XVIe siècle. Certaines sont des litres funéraires en hommage au seigneur décédé. Ont trouve également une fresque avec des représentations féminines.

vue d’ensemble sur la fresque

Les vitraux ont été confectionnés par un maître verrier dans les années 1860.

La décoration romane est riche, certaines scènes historiées sont des copies de l’abbaye de la Sauve-Majeure.

Peut être une trace du grand schisme créant une séparation entre l’église d’Orient et d’Occident. On peut voir un moine portant la barbe tenant un livre ouvert à la page Tu dois, tu dois chanter.

Moine portant un livre

Les colonnes engagées, les sculptures du cordon sont de belle facture que je vous laisse aller découvrir et admirer par vous même.

Centaures

La chaire est d’une belle texture et richement ornée.

chaire richement sculptée
vierge

Cette journée de découvertes girondines donne envie de poursuivre la découverte de l’ Entre-deux-Mers magnifique territoire regorgeant d’un riche patrimoine historique et naturel.

Comme dit André Vermaglio:

Rien n’est plus vrai concernant l’Entre-deux-Mers, alors laissez vous tenter.

A suivre…

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