La pierre de Picambeau à Lussac

A un peu moins de 10km de St Emilion, le village de Lussac prend toute sa place en son vignoble. Avec 170 viticulteurs, 1450 ha exploités des plateaux calcaires et des vallons en argilo-calcaire le vignoble ne peut que garantir un vin d’excellence.

La vigne n’est pas la seule richesse de Lussac son patrimoine l’est également. Nous pouvons découvrir les restes de la Villa Luccius, son église, son petit patrimoine, la tour de Grenet et la Pierre de Picambeau.

Le tertre de Picambeau

Autour de la commune, le paysage prend forme. Les coteaux et les vallons s’étirent à perte de vue entrecoupés parfois d’espaces boisés. L’œil est attiré par cette hauteur qui se dévoile: le tertre de Picambeau.

En son sommet les chênes prolifèrent avec leur cortège végétal des sols calcaires. On peut y trouver du fragon comme des orchidées ou des muscaris par exemple. La beauté de cette montagne miniature ne s’arrête pas à sa richesse naturaliste car en son sein nous y trouvons une pierre bien étrange: la pierre de Picambeau.

Pierre de Picambeau

La pierre de Picambeau

Cette pierre est une mégalithe longue de 6 m pour 4 m de large, posée à même le sol. Sur sa face inclinée au centre se trouve, taillé dans le roc un petit bassin en forme de trapèze. Une sorte de rigole semble en sortir. On peut voir 4 trous: 2 cubiques et 2 en forme arrondies.

bassin et rigole
Un des 4 trous

Pourquoi avoir sculpté un tel bassin et est-il vraiment l’œuvre de l’homme? La nature fait des miracles notamment en matière d’érosion mais quand on admire ce rocher très vite l’intervention humaine semble une évidence. Pourtant pour un archéologue, géologue Henri Pelletier ce n’est pas l’homme mais l’érosion qui aurait officié. Finalement une autre étude menée par J.A.Garde démontrera l’inverse. Le doute peut exister mais une chose est sûre l’homme a aplani et dégagé la pierre par endroits.

Si l’homme a conçu cette pierre, du moins l’a retravaillée, pourquoi, dans quel but?

QUELLE UTILISATION POUVAIT AVOIR CETTE PIERRE ?

  • Un bassin pour récupérer l’eau de pluie
  • D’unité de mesure pour le grain
  • Un dolmen
  • Un lieu de culte et/ou de sacrifices
  • Aucune l’érosion est naturelle

Chaque historien venu étudier ce site a imaginé, conçu sa propre théorie. C’est en effectuant des fouilles au pied du rocher que certaines d’entre elles ont pu être réfutées de part la découverte de tessons de céramiques gaulois. Les druides devaient s’en servir. Nous sommes donc sur un lieu de culte et de sacrifices d’ailleurs le chêne n’est il pas un arbre sacré? Nous savons aussi que dans le lussacais la présence de gaulois est avérée comme le montrent les nombreuses découvertes: par exemple le trésor de Tayac à 6km environ de notre site .

Trésor de Tayac (photo musée d’Aquitaine) https://www.musee-aquitaine-bordeaux.fr/

Pierre des martyrs ?

Si les druides venaient célébrer leurs dieux en ce lieu, il est vraisemblable qu’ils aient célébré Taranis. Pour apaiser le dieu du Tonnerre, un sacrifice devait avoir lieu. Un sacrifice humain, plus exactement une tête. Pourquoi ne pas imaginer que le bassin ai servi en ce sens…

La pierre est bien celle des martyrs sacrifiés pour apaiser les dieux celtes.

Pour conclure, il nous faut retenir les mots de J.A.Garde qui disait en 1943:

«On peut considérer la pierre à bassin de Lussac comme une pierre à sacrifice de l’époque gauloise. Monument de l’antiquité unique en Gironde, elle mérite d’être préservée des injures des inconscients. La question de son classement comme monument historique, qui n’a pas jusqu’ici été prise en considération par les Beaux-arts doit être reconsidérée à la suite de l’heureux résultat des fouilles effectuées

Ce lieu unique en Gironde est à découvrir absolument.

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